On a tous déjà dû répondre à cette question : “Et toi, tu fais quoi dans la vie ?” Comme si la réponse pouvait définir la personne que nous sommes, ou l’intérêt à nous porter. Est-ce qu’il faudrait fournir notre CV à l’ensemble des personnes que nous rencontrons pour susciter de l’intérêt, créer de la curiosité ?

Il faudrait commencer nos rencontres en mode “Bonjour je m’appelle Emma, j’ai 28 ans, j’ai eu un bac ES double mentions, j’ai ensuite fait une prépa HEC, puis une école de commerce…”. Est-ce que vraiment, ce parcours fait de moi la personne que je suis aujourd’hui ? Oui un petit peu mais pas que, je n’ai pas du tout envie d’être définie par mon métier et mes études, déjà parce que ce métier ne sera peut être pas mon métier pour “toute ma vie” mais aussi parce que j’ai plein d’autres choses à mon actif à raconter qui sont mon moi personnel, intrinsèque et qui me définissent bien mieux.

A l’adolescence il a fallu faire le choix d’une orientation, qui définirait plus ou moins précisément la suite de notre parcours d’abord étudiant puis professionnel. Certains étaient déjà sûrs de ce qu’ils voulaient faire : plombier, coiffeur, infirmier, médecin, agriculteur… D’autres, comme moi, n’avaient pas d’idées précises (ou même aucune idée !) de ce qu’ils voulaient faire “quand ils seraient grands”. Je me suis laissée porter par ce que me conseillaient de faire les professeurs et ai accepté les portes qu’on m’ouvrait ou me fermait sans justification.

Certains se reconnaîtront sûrement (malheureusement) dans mon expérience : à la fin de la seconde une conseillère de désorientation m’a radicalement fermé la porte de vétérinaire en me disant que c’était très (trop) difficile et que je n’y arriverai pas. Elle en savait quoi, cette dame qui m’a rencontrée 15 minutes une fois dans ma vie ? Pas grand chose, mais j’ai cru à son discours, et j’ai abandonné cette idée.

En racontant cette histoire autour de moi, je me suis rendu compte que je n’étais pas la seule à ne pas avoir pas bénéficié d’un “bon accompagnement” lors du choix de mon parcours étudiant et professionnel.

J’ai repris le processus pour faire vétérinaire il y a deux ans, j’ai postulé à la fac pour faire une licence de biologie et pouvoir passer les concours d’entrée en école vétérinaire. Et puis je me suis posée et j’ai réfléchi : je repartais pour 8 ans d’études, sans salaire, avec un prêt étudiant conséquent à rembourser. Bref c’était pas le moment, et peut-être que je ne serai finalement jamais vétérinaire. Mais qu’est-ce que je ferai de ma vie alors ? Dans quel métier vais-je bien pouvoir m’épanouir ? Je n’ai toujours pas la réponse à cette question !

Je suis aujourd’hui chef de projets, et qu’est-ce que je ferai demain ? Aucune idée, mais ce n’est pas grave. On a le droit de se tromper, de chercher et de changer. On a le droit de ne pas être sûr, de tester, de changer d’avis !

Qui sait de quoi demain sera fait, et ce qu’il fera ? C’est le futur : nous n’avons pas la main dessus. La crise actuelle nous montre que nous ne sommes pas maîtres des choses. Alors ne nous mettons pas trop la rate au court-bouillon. Faisons les choix qui nous correspondent à nous, c’est le plus important.

Et vous, comment s’est déroulé votre parcours ?