les labels cosmétiques bio
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Cosmétiques bio et labels : comment s’y retrouver ?

Article mis à jour le 16 février 2022 : ajout du label Écogarantie

Je dois vous avouer qu’avant de rédiger cet article, je ne savais pas vraiment à quoi correspondaient les labels de produits cosmétiques bio. C’était pour moi un « truc en plus » mais sans savoir ce qui se cachait derrière, et que je ne voyais pas toujours. Pour dire, c’est seulement en faisant les photos pour l’article que j’ai réalisé le nombre de produits porteurs de ces macarons dans ma salle de bains.

Si vous êtes comme moi et que vous perdez votre latin face aux différentes mentions, cet article est fait pour vous ! L’objectif est d’y voir plus clair et j’ai beaucoup appris en le rédigeant.  

 Les labels sont présentés des moins stricts aux plus exigeants, on se réserve le meilleur pour la fin 😉

Cosmétiques cruelty-free, végan et bio

Ces trois appellations sont très utilisées en marketing pour certifier que des procédés de fabrication ont été respectés, ou des ingrédients rayés des compositions. Il s’agit de 3 appellations qu’il faut bien différencier car elles ont des exigences et cahiers des charges spécifiques. Un produit peut être à la fois bio, cruelty-free et végan, mais ces trois particularités ne sont pas réciproques. 

Voici un rapide point pour bien savoir qui fait quoi :

  • L’appellation Cruelty-free (« non testé sur les animaux » pour la version traduite) indique que le produit et ses ingrédients n’ont pas été testés sur les animaux. Ce label est délivré par la PETA sur l’ensemble des produits d’une marque : si un seul produit de la gamme ne répond pas à cette exigence, la marque ne peut apposer la mention sur aucun de ses produits. Un produit Cruelty-free peut par contre contenir des animaux ou produits animaliers, comme de la cire d’abeille ou des cochenilles, insectes servant à obtenir la couleur rouge notamment dans les rouges à lèvres. 
    Sachez d’ailleurs que les tests sur les animaux (de produits ou ingrédients entrant dans la composition du produit) sont interdits au sein de l’UE depuis 2009. Un produit fabriqué en Europe est donc censé être Cruelty-free.

  • Végan (ou vegan en VO) indique que le produit ne contient pas de particules animales. Comme pour l’appellation Cruelty-free, la mention Végan vaut pour l’ensemble des produits d’une marque et ne peut être délivrée si un produit de la gamme ne répond pas aux exigences. 
    Le sigle « Eve Vegan » garantit que le produit ne contient aucun ingrédient d’origine animale et qu’il n’a pas été testé sur des animaux. C’est un indicateur de confiance pour les végétaliens, les allergiques ou ceux qui ont une religion stricte à ce sujet, car le label est mené par un organisme spécialisé indépendant et est délivré par la PETA.

  • Naturel ou bio ? Les ingrédients naturels sont ceux que l’on peut retrouver dans la nature. Les produits dits « naturels » contiennent peu d’ingrédients transformés ou synthétisés chimiquement, mais ils ne sont pas forcément bio. 
    Un ingrédient bio a quant à lui été cultivé en conformité des normes de l’agriculture biologique : dans le respect de la biodiversité et du bien-être animal, en utilisant des procédés naturels et en excluant les OGM et les pesticides. Le produit doit contenir au minimum 95% d’ingrédients d’origine biologique pour être estampillé bio. Le cas échéant, les ingrédients bio sont mentionnés par un astérisque. 
    Plusieurs labels existent pour les produits naturels et bio. Tous ont en commun d’assurer un pourcentage minimum d’ingrédients d’origine naturelle ou issus de l’agriculture biologique dans la composition du produit final. 

Je vous présente sans attendre les différents labels de cosmétique bio…

La norme COSMEBIO

C’est le label le plus commun.
COSMEBIO est une norme privée résultant de la fusion entre plusieurs associations : BDIH (allemande), ICEA (italienne), Soil Association (anglaise), Cosmebio et ECOCERT (françaises) ; afin de lisser les exigences européennes en matière de cosmétiques biologiques et naturels. 

Le cahier des charges reste le même que pour le label COSMOS : tous les produits qui arborent le logo COSMEBIO contiennent a minima 95% d’ingrédients d’origine naturelle
Pour les produits bio concernés par la norme, ceux-ci contiennent au moins 95% d’ingrédients bio parmi l’ensemble des ingrédients pouvant provenir d’agriculture biologique, ou au minimum 20% d’ingrédients bio sur la totalité du produit.
Là vous levez un sourcil d’incompréhension : pourquoi 20% seulement ? Et bien parce que l’eau et les minéraux sont considérés comme des ingrédients naturels mais pas bio. Or, l’eau pèse en général 60 à 80% dans la composition d’un produit cosmétique (hors huiles). Certaines compositions intègrent aussi des conservateurs autorisés, qui peuvent ne pas être d’origine biologique.

La norme interdit :

  • les OGM et dérivés,
  • les nanoparticules, sauf pour les solaires,
  • le phénoxyéthanol,
  • les parabens,
  • les silicones,
  • l’utilisation de produits de synthèse entrant à plus de 5% dans la composition totale du produit,
  • les tests sur les animaux. Les ingrédients d’origine animale naturellement produits par ceux-ci sont quant à eux autorisés, s’ils sont obtenus sans danger pour l’animal,
  • le recours aux radiations pour obtenir des composants (que ceux qui ne savaient pas qu’on pouvait utiliser cette méthode pour fabriquer des cosmétiques lèvent la main avec moi !).

Petite ombre au tableau : si les ingrédients doivent provenir de ressources renouvelables et être transformés dans le respect de l’environnement, l’huile de palme (dont la culture est responsable de la déforestation et de l’extinction de certaines espèces animales) et les huiles hydrogénées et estérifiées(soit en langage humain des huiles végétales naturelles transformées chimiquement pour être plus facilement absorbées par la peau, et moins chères, mais qui perdent énormément en qualité) sont autorisées. Pas de danger à la consommation cependant.

Côté emballages, ceux-ci doivent être le plus écoresponsables possibles, tant dans leur composition (pas d’OGM, liste de matériaux autorisés, recyclabilité et biodégradabilité du matériau…) que dans leur quantité (réduction des matières premières utilisées). Si des produits biologiques sont emballés dans du tissu, celui-ci doit également être bio. 

Il y a deux normes conjointes à COSMEBIO : Cosmos Natural, qui concerne les produits naturels seulement ; et Cosmos Organic qui est un peu plus sévère que le COSMEBIO classique pour les produits biologiques (ceux-ci doivent contenir au minimum 20% d’ingrédients bio, 10% pour les produits à rincer, hors eau et minéraux).

L’association NaTrue

Cette association à but non lucratif vise à proposer un modèle harmonisé pour les cosmétiques naturels. Les produits doivent respecter des critères définis pour obtenir l’un des trois niveaux de certification : 1 étoile pour les produits naturels, 2 étoiles pour les cosmétiques naturels en partie bio ou 3 étoiles pour les cosmétiques biologiques. Ces étapes sont successives : un produit 3 étoiles validera forcément les conditions des niveaux 1 et 2 étoiles. Pour obtenir la certification, une marque doit avoir au minimum 75% de ses produits qui cochent les exigences de la charte. 

Le niveau 1 reste assez générique : les produits doivent être les plus naturels possibles, avec des restrictions en matière de matières premières et de leur transformation. 
Les cosmétiques naturels en partie bio contiennent au minimum 15% d’ingrédients naturels, dont 70% doivent être issus de l’agriculture biologique.
Pour les cosmétiques bio, on passe à un minimum de 20% d’ingrédients naturels dans la composition, dont au moins 95% sont d’origine biologique.

Les produits sont exempts de composants spécifiques, quels que soient leur niveau de certification :

  • les OGM et dérivés,
  • les nanoparticules,
  • le phénoxyéthanol,
  • les ingrédients issus de la pétrochimie : huiles minérales, parabens, silicones…
  • les parfums et colorants de synthèses. Les fabricants doivent d’ailleurs respecter une liste de produits de synthèse et additifs autorisés,
  • les procédés de fabrication ou d’extraction n’entrant pas dans la liste de ceux autorisés (l’irradiation est par exemple interdite),
  • les tests sur les animaux, mais les ingrédients produits par les animaux sont acceptés.

Comme pour Cosmebio, les huiles hydrogénées et estérifiées sont autorisées. Également, si les entreprises doivent mettre en place des procédés respectueux de l’environnement, l’utilisation d’huile de palme reste possible. 

Les produits porteurs du logo NaTrue doivent être recyclables au maximum et leurs emballages réduits autant que possible.

La mention Nature et Progrès

Contrairement aux autres, Nature et Progrès ne concerne pas uniquement les produits cosmétiques. C’est un label générique, qui garantit que les produits ou ingrédients répondent à une charte stricte d’agriculture biologique, depuis la production jusqu’au conditionnement. Il peut donc être utilisé par des producteurs comme des fabricants de produits alimentaires ou cosmétiques.
La mention est délivrée par une association de consommateurs et professionnels, au terme de plusieurs contrôles et à condition que 70% des produits commercialisés par la marque répondent à la charte. 

La présence du macaron « Nature et Progrès » garantit que le produit contient 100% d’ingrédients naturels et que 100% des ingrédients végétaux utilisés sont biologiques. Dans le total du produit, 95% d’ingrédients sont d’origine naturelle et biologique (eau comprise) puisqu’un composant peut être d’origine naturelle sans être bio.

En ce qui concerne les produits cosmétiques, le choix des ingrédients de composition reste assez limité puisque la mention interdit

  • les OGM et dérivés,
  • l’huile de palme et dérivés, ainsi que les ingrédients mettant en danger des espèces menacées,
  • les nanoparticules, y compris dans les solaires,
  • le phénoxyéthanol,
  • les produits de synthèse ou issus de la pétrochimie : colorants, parfums, silicones, parabens
  • les matières minérales extraites avec des procédés polluants ou entraînant une dégradation des milieux,
  • tout moyen de transformation des ingrédients autre que mécaniques ou chimiques simples (et donc, la radiation). Les ingrédients restent donc relativement « purs »,
  • les tests sur les animaux, conformément à la législation européenne. Les ingrédients d’origine animale sont interdits, sauf pour ceux produits de façon naturelle par eux comme le lait ou le miel. Le label prend aussi en compte le respect du bien-être des animaux (confort et alimentation) qui produisent les ingrédients utilisés.

Si la mention est une des plus strictes en matière de composition et de qualité des ingrédients, elle autorise néanmoins les huiles hydrogénées et estérifiées, qui – si elles restent naturelles et peu transformées – perdent énormément en qualité. Je chipote un peu car ces huiles ne sont pas mauvaises pour la santé, disons plutôt que c’est dommage d’en intégrer à une compo propre.

La charte Nature et Progrès comporte aussi un volet social et solidaire, elle privilégie notamment les circuits courts, les entreprises à taille humaine et les échanges équitables. Le recours aux énergies renouvelables est indispensable. 

Concernant le packaging, la charte refuse le suremballage (yaaay !) et encourage le vrac au maximum. Les déchets doivent être réduits au possible, en utilisant des matières recyclées et recyclables.

Le label Écogarantie

Ajout du 16/02/2022          

Ce label belge créé en 2004 est une association à but non lucratif ayant pour objectif de garantir des produits « vraiment écologiques », c’est-à-dire contenant des actifs d’origine naturelle 100% bio mais aussi biodégradables. À ce titre, c’est le seul à être aussi strict sur la qualité de la provenance des actifs intégrés dans les formules et à interdire les conservateurs de synthèse.

L’association fait appel à 3 organismes indépendants pour contrôler les marques qui postulent au label, qu’elles proposent cosmétiques, produits d’entretien, bougies, etc. 

Le label certifie :

  • Des ingrédients naturels TOUS issus de l’agriculture biologique. Aucun pourcentage minimum d’ingrédients naturel n’est exigé par le label, mais lorsque la marque fait appel à ces ingrédients, ils doivent être 100% bio,
  • Des ingrédients 100% biodégradables dans les formulations, de façon à minimiser l’impact des produits sur l’environnement,
  • Aucun OGM,
  • Aucun ingrédient issu de la pétrochimie,
  • Aucun conservateur de synthèse (la plupart des labels en autorisent entre 3 et 6),
  • Aucun test sur les animaux (fabrication et produit fini),
  • Aucune matière première d’origine animale: attention, certains intègrent toutefois du miel, qui est d’origine végétale mais qui peut être un frein pour qui cherche des produits entièrement vegans,
  • Aucuns nanomatériaux (pas de nanoparticules ou nanomachinchoses).

Bref, le cahier des charges est assez strict pour ne garantir que des produits sains pour l’homme et la nature. Cette ligne de conduite s’applique aux emballages : le label interdit l’utilisation de certains plastiques et matières premières polluantes ou difficilement recyclables.

Plus qu’un label biologique, il est écologique car il contrôle aussi les marques sur l’aspect social et éthique. Il est engagé du côté des entreprises et revêt parfois sa casquette syndicaliste pour défendre les droits et intérêts de ses entreprises « partenaires ».

Le label idéal, me direz-vous ? Oui, mais malheureusement, il n’est encore que peu répandu. Les marques labellisées sont peu connues et peuvent être difficiles à trouver (je n’en connaissais pour ma part aucune). Le site de slow cosmétique (voir plus bas) en propose certaines : Bee nature, Bioflore, Essienciagua, Makesenz ou Oh Lou Lou !.

La mention Slow cosmétique

Enfin, je souhaitais vous parler de la mention Slow cosmétique, qui n’est pas un label à proprement parler mais qui reste un bon indicateur de qualité de produits. 

L’association a été fondée à l’initiative de Julien Kaibeck après le succès de son livre Adoptez la slow cosmétique, dédié à une approche plus censée et respectueuse des cosmétiques et de la beauté en général. Il s’entoure de bloggeuses engagées pour rédiger une charte « Slow Cosmétique », les fondements de l’association. La mention naît ensuite à la demande des consommateurs qui souhaitent un logo qui leur permette de reconnaître les marques « slow ». Depuis, l’association remet chaque année le label à des marques candidates ou nommées d’office. Pour cela, des bénévoles étudient les listes de composition des produits d’une marque, sa communication (promesses, engagements… exit le greenwashing !) ainsi que la structure de l’entreprise. C’est la seule mention parmi celles citées qui accorde de l’importance à l’aspect marketing des marques labellisées.  
En fonction des résultats obtenus, la marque obtient ou non la mention, avec un nombre d’étoiles marquant l’adéquation de la marque avec la charte Slow Cosmétique, allant de 1 étoile pour 60% de correspondance avec la charte ; à 3 étoiles pour plus de 90% de critères remplis. 

Cette mention est indépendante des labels bio cités ci-dessus, elle ne les remplace pas mais vient en complément, afin de différencier les produits et marques engagés dans une démarche de cosmétique responsable, qui proposent des ingrédients naturels et biologiques les moins transformés possibles. 

La mention exclut :

  • les OGM et dérivés,
  • les ingrédients issus de la chimie de synthèse, de la pétrochimie et de la chimie plastique,
  • les ingrédients aux noms INCI longs (plus c’est long, plus c’est transformé),
  • les ingrédients nocifs pour l’environnement et la santé,
  • les procédés d’extraction des ingrédients ou de fabrication mettant en danger la biodiversité ou les Hommes,
  • les tests sur les animaux, mais les ingrédients produits par les animaux sont autorisés à condition que les animaux soient respectés et bien traités,
  • les marques ou produits qui encouragent une surconsommation ou créent de nouveaux besoins,
  • les produits à usage unique (1 dose = 1 utilisation),
  • les marques aux gammes de produits très étendues. L’objectif de la Slow Cosmétique étant « moins, mais mieux », sans être au détriment des besoins de la peau comme l’hydratation, le nettoyage…
  • les produits aux prix gonflés par rapport à la liste d’ingrédients. C’est la composition qui justifie le prix et non le positionnement marketing qui veut qu’un produit cher sera perçu comme étant de meilleure qualité (TMTC les crèmes à l’huile d’argan super chères alors que l’actif n’arrive qu’en fin de composition). 

Les entreprises à taille humaine, qui privilégient des circuits courts et locaux sont valorisées. Elles doivent également proposer des conditions de travail respectueuses et une juste rémunération à leurs employés. 

Pour les emballages, des matériaux recyclables, des verres et plastiques écologiques sont à adopter et une démarche zéro déchet est plus que fortement encouragée.

Au final, vers quel label se tourner ?

C’est bien joli tout ça, mais les labels ne font pas tout. S’ils écartent de nombreux composants néfastes ou controversés (silicones, phtalates, OGM…), ils ne sont cependant pas gages d’une composition « nickel ». D’ailleurs, de nombreuses marques ne s’y retrouvent pas – exigences trop souples à leurs goûts, coûts annuels de la mention trop lourds… – et préfèrent ne porter aucune étiquette plutôt qu’une ne correspondant pas à leurs valeurs.

Pour vous y retrouver en magasin, vous pouvez vous demander quel est le label qui vous parle le plus, et ceux desquels vous préférez vous passer. Est-ce que ce critère doit être décisif au moment de l’achat ou non ? Ces étiquettes doivent vous permettre de vous y retrouver, mais pas de vous faire culpabiliser ou choisir un produit moins adapté à vos besoins parce qu’il est labellisé. 

Pour ma part, je pense valoriser les produits Nature et Progrès, Écogarantie et Slow Cosmétique lorsque j’en ai la possibilité, car les chartes de ces mentions sont les plus strictes. Cela ne sera pas non plus un impératif car la composition est pour moi plus importante. Vous pouvez d’ailleurs retrouver ici un super article écrit par Emma à ce sujet..


J’espère que cet article vous permettra d’y voir un peu plus clair parmi les labels. Est-ce qu’une information en particulier vous a interpellé-e ?


Pour écrire cet article, j’ai parcouru des dizaines de sites, mais voici les sources principales avec les liens vers les pages des labels concernés :

2 commentaires

  • Spacecagole

    Waw, quel boulot de sourcing et de vulgarisation ! Mention spéciale pour le label nature et progrès que je découvre (et sinon je lève clairement la ✋)

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