syndrome de l'imposteur - arbre et ciel
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Entre soi et soi : le syndrome de l’imposteur

Avez-vous déjà ressenti un malaise face à des compliments sur votre travail ou vous-même ? Comme si vous ne les méritiez pas et que la personne en face de vous se méprenait à votre sujet ? Pensez-vous que tout ce qui vous arrive de bien n’est pas de votre fait ?

Si ces situations vous parlent, que vous les avez déjà vécues, vous faites comme moi partie des personnes qui souffrent de ce qu’on appelle « le syndrome de l’imposteur ».

Je ne sais pas recevoir des éloges, j’ai au contraire tendance à vouloir qu’elles se terminent le plus rapidement possible. Je déteste être au centre de l’attention et ait l’impression que tout ce qui m’arrive n’est pas mérité par mon travail, mais que tout n’est qu’un concours de circonstances. Ne parlons pas de réussite (on touche un sujet très sensible car cela me fait peur, rapport au centre de l’attention et au mérite, tout ça tout ça)… Bref, bienvenue dans mes névroses, aujourd’hui on se parle de mésestime de soi.

Le syndrome de l’imposteur

Ce vilain mot désigne une tendance à la dévalorisation et une exigence accrue envers soi-même, dues à un manque de confiance et d’estime de soi, mais aussi à un fort sentiment d’illégitimité. Si l’on s’écoute, on n’est jamais à la hauteur et on se sent toujours en position d’infériorité par rapport à autrui, à qui on a tendance à se comparer dans les succès et échecs. Dans les cas les plus « graves », les personnes vivent dans l’angoisse constante d’être démasquées de leur statut d’« imposteur » (d’où le nom).

Ce sentiment ne touche pas tout le monde (vous noterez que les termes qui y font référence sont ceux de la maladie, même s’il s’agit plutôt d’un trouble). Certains le ressentiront de façon ponctuelle, d’autres jamais, d’autres enfin en permanence. Les moments de « crise » et de doute diffèrent également selon les personnes qui les ressentent. 

Culturellement, il semblerait qu’il touche davantage les femmes, qui seraient plus enclines à se remettre en cause et douter de leurs capacités (coucou l’héritage culturel !).

Que vous le ressentiez un peu, beaucoup, passionnément ou à la folie, l’essentiel est d’en être conscient. Car sans auto-reconnaissance, on ne peut pas avancer et essayer d’aller mieux.

Ne pas être à la hauteur, pourquoi ?

Nous avons tous en tête l’image de nous-même, telle que nous pensons apparaître au monde extérieur, et un « moi » meilleur, fantasmé. Ce « moi » rêvé ose tout ce que l’on s’interdit ; c’est un « nous » désinhibé qui fait fi des convenances, de tout ce qui nous éloigne de nos rêves et objectifs au quotidien. En somme, une sorte d’être suprême en comparaison duquel le « moi » existant apparaît bien fade. Cela est d’autant plus vrai pour les personnes qui ont tendance à se dévaloriser, puisque le « moi » qu’elles pensent être est déprécié et durement observé.

En plus de se comparer à ce faux « moi » inexistant, nous nous comparons aux autres (doux héritage culturel, partie 2). Dans notre société individualiste, nous avons pour tâche d’être heureux, de réussir en enchaînant les succès et de « prouver » sa valeur. Ces diktats sont ancrés en nous, même s’ils n’ont aucun sens : si nous devenons tous uniques, alors l’unicité n’existe plus. En gros : fais mieux que ton voisin, mais pas trop pour éviter de te faire mal voir. Tout le paradoxe est là.

En société, nous essayons de projeter une bonne image de nous-même, un « moi » plein d’assurance. Certains d’entre nous vont avoir tendance à accepter comme véridique ce que les autres racontent d’eux-mêmes. On survalorise autrui, ce qui a tendance à nous faire douter de nous-mêmes et à nous dévaloriser par comparaison. 

Et pourtant…

… nous avons tort. S’il y a bien une chose dont j’ai pris conscience en devenant adulte, c’est de la « démystification » d’autrui. Nous faisons tous semblant de savoir ce que nous faisons, d’être pleins d’assurance. Certains le font mieux que d’autres (grosse pensée pour toutes les personnes qu’on envie secrètement), mais là n’est pas le sujet.

Nous doutons tous. À des moments, des degrés différents, mais nous ressentons tous ce sentiment d’inconfort face à l’expérience qui nous fait défaut. Sauf que… l’expérience n’existe qu’une fois vécue. Avant, nous pouvons faire preuve d’empathie (nous mettre à la place de, imaginer…) mais nous ne pouvons pas être certains de nos choix puisque cette expérience même nous manque. Nous trouverons toujours plus expérimentés que nous-mêmes, puisque nous avons des parcours, des vies différentes. Mon voisin n’aura pas les mêmes expériences que moi, c’est ce qui fait notre caractère unique. Et comme le mot le définit bien, l’unicité ne permet pas de comparer. Tout ça pour vous dire que se comparer à autrui c’est un peu tricher puisque les référentiels ne sont pas identiques.

En finir avec le syndrome de l’imposteur ?

Voici quelques pistes qui peuvent vous aider à vaincre ce sentiment, sinon le dompter.

Accepter les compliments peut, par exemple, être un bon début (oui, je dis ça pour moi aussi…) car non, les autres n’ont pas une image distordue de nous-même au point de faire des remarques positives infondées. Faisons confiance à ceux qui nous entourent et perçoivent réellement ce que nous dégageons. Sans se trouver des excuses du type « oui mais il/elle dit ça parce qu’on est ami-es ». La personne en face n’est pas payée pour nous complimenter et n’a pas d’intérêt à nous faire des retours positifs (sauf si on les menace ou leur fait clairement comprendre que l’on attend un compliment là, tout de suite. Dans ce cas, il est fort probable que le compliment soit forcé). Écoutons, acceptons. Personne ne nous demande d’en faire un pataquès, mais juste de prendre le compliment. 

À force d’entendre les mêmes retours sur soi, on commence aussi à avoir une idée de nos points forts. Soyons-en conscient-es. Pensons aux choses dans lesquelles nous sommes bons, nos loisirs, etc. sans oublier que personne ne nous demande d’être expert. Si c’était le cas, ce serait notre métier et pas… un loisir (par définition, le contraire du travail). Cela nous permet de savoir ce que l’on vaut, d’avoir un peu plus confiance en nous et d’arrêter de se voir comme des personnes « nulles et sans intérêt ». N’hésitez pas à en parler à vos proches. Ils peuvent aussi vous aider et vous faire découvrir une facette de vous-même que vous ne soupçonniez pas.

La fierté, de soi et de ses accomplissements, est aussi importante. Arrêtons de nous focaliser sur les petits détails qui ne sont pas parfaits et regardons plutôt le tableau en entier. C’est comme au musée : cela a tout de suite plus de sens quand on regarde l’ensemble du tableau plutôt qu’en se focalisant sur le trait de pinceau.  

Prenons exemple sur le moi fantasmé. Si cette personne n’existe pas, c’est aussi un bon objectif qui nous indique nos vraies envies « dans un monde idéal ». Et si on osait enfin se mettre à la peinture, ou se détacher un peu plus du regard des autres ? Réaliser des envies permet d’être fier de soi et d’avancer, de s’accomplir. 


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